Définition du Métaverse : Un ou plusieurs Métavers ?


Le rapport publié le 20 octobre 2022 par Camille François, Adrien Basdevant et Rémi Ronfard, commandé par les ministères de la Culture et de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique (France), tente de donner une définition du métavers et trace 10 pistes pour le développement d’un écosystème métaverse français , dont nous publions les principaux points ci-dessous.

Qu’est-ce que le Metaverse ?

Les auteurs distinguent le concept abstrait du Métaverse « avec un M majuscule » (comme on a pu parler de l’Internet « capitalisé ») qui décrit un concept d’immersion, contenant une multitude de services et d’espaces, plus ou moins ouverts, qui sont autant de métavers avec un « m » minuscule.

Le terme Métaverse réunit donc une pluralité d’horizons de technologies d’immersion.

Ainsi, depuis plusieurs années, le terme Métaverse réunit les technologies sociales de l’immersion (réalité augmentée, réalité virtuelle, réalité mixte, etc.). Ces nouveaux réseaux sociaux, connectés et immersifs, sont et seront accessibles via des écrans d’ordinateur, des smartphones et les premiers écrans montés sur la tête et des lunettes de réalité augmentée et virtuelle. Ils sont propulsés par un développement technologique rapide : microélectronique (nano-oleds, capteurs de mouvement, spatialisation du son), processeurs graphiques intégrés, rendu en temps réel en vidéo et audio haute résolution, etc.

Les métavers rassemblent donc des mondes virtuels, en 3D, en temps réel, qui sont immersifs, persistants et partagés. 

Les termes et conditions à ce jour se concentrent sur la possibilité d’y accéder avec ou sans écrans montés sur la tête, d’utiliser ou non des avatars et d’échanger avec ou sans technologies de registre distribué. Différents types de métavers émergent déjà, avec différents degrés d’acceptabilité sociale (en effet, à l’heure actuelle, les métavers sont davantage poussés par l’industrie dans une logique de l’offre, beaucoup plus que par le public dans une logique axée sur la demande).

Ce n’est pas seulement Meta dans la Silicon Valley

Du côté de la Silicon Valley, il y a une bataille de perspectives sur ce que le « Métaverse » peut représenter : ouvert ou fermé, grand public ou industriel, en réalité virtuelle ou en réalité augmentée, grand public ou spécialisé, etc. Par exemple, pour Nvidia, Microsoft, Siemens et Dassault Systèmes, les applications industrielles et professionnelles priment, avec le développement de jumeaux numériques industriels par Dassault Systèmes, par exemple. Alors que pour Snapchat, Niantic ou Apple dans une certaine mesure, la réalité augmentée est favorisée par rapport à la réalité virtuelle. Ces joueurs ont une vision plutôt négative du Metaverse, car la réalité virtuelle isolerait les utilisateurs les uns des autres, et du monde qui les entoure, contrairement à la réalité augmentée, qui vous permet de rester connecté avec votre environnement direct.

Le Métaverse en France

La France semble bien positionnée dans les technologies immersives. D’une part, il y a de grands noms tels qu’Ubisoft, Dassault Systèmes et Ledger , et d’autre part, de nombreuses start-ups achetées par des groupes américains et des studios de création de renommée mondiale.

En outre, d’autres projets innovants - essentiels pour naviguer et effectuer des transactions dans le métaverse - sont en cours de développement dans le but d’offrir des solutions de gestion des identités, un stockage décentralisé ou la sécurisation des actifs numériques. Il apparaît que les pionniers et les pépites du métavers français sont divisés entre deux écosystèmes. Ces deux écosystèmes (qui sont aussi deux générations, et deux groupes différents d’acteurs) sont clairs et distincts. D’une part, le premier écosystème de réalité virtuelle / réalité augmentée / réalité mixte (ou réalité étendue) ; et d’autre part l’écosystème Blockchain / Web3 / NFT. Il y a du talent français dans ces deux écosystèmes.

10 façons de développer le métaverse

1- Profitez des Jeux Olympiques de 2024 organisés à Paris pour servir de catalyseur et de vitrine au savoir-faire français. En effet, cet écosystème mérite de faire l’objet d’une politique publique proactive pour organiser les infrastructures, soutenir l’innovation, mettre l’accent sur les usages culturels, orchestrer la réglementation et prendre en compte les enjeux sociétaux et environnementaux.

2- Organiser l’infrastructure Metaverse pour assurer des métavers libres et interopérables, notamment par la standardisation, comme cela a été fait pour le web.

3- Développer des standards ouverts pour construire des blocs de construction technologiques ouverts, fiables et libres (services interopérables et sécurisés, données ouvertes), en promouvant une stratégie publique organisée avec les différentes entités publiques qui possèdent des technologies et des services qui seront des éléments de base essentiels et des moteurs d’innovation dans les métavers publics français.

4- Soutenir l’innovation en priorisant l’émergence de solutions et de technologies clés à travers une analyse rigoureuse des chaînes de valeur métaverses pour guider les domaines d’investissement stratégiques et identifier les risques de perte de souveraineté ou de fuite de valeur. Cette stratégie économique du Métaverse devra :

  • consolider et protéger les secteurs industriels de la réalité virtuelle, de la modélisation 3D, de l’animation 3D et des jeux vidéo,

  • éviter la fuite des cerveaux autant que possible,

  • Soutenir les startups dans leur développement, protéger les fleurons, écouter et engager les leaders.

5- Mettre l’accent sur les usages culturels car le secteur culturel peut être un véritable laboratoire, notamment en permettant une compréhension claire des différents systèmes de distribution de contenus immersifs et de leurs modalités.

6- Concilier souveraineté technologique et souveraineté culturelle à travers les marchés publics en favorisant le développement de solutions technologiques souveraines et innovantes, en créant des emplois et de nouveaux marchés pour les entreprises françaises plutôt que de s’appuyer trop systématiquement sur les solutions et technologies américaines.

7- Réglementer pour organiser la responsabilisation des plateformes, la protection des données personnelles ainsi que la gestion des risques socio-techniques, en étendant les différents cadres réglementaires visant les technologies numériques en général et les réseaux sociaux en particulier aux questions métaversales.

8- Investir dans des outils et techniques analytiques pour détecter les infractions et retracer les auteurs, pour créer les conditions d’un Métaverse éthique et socio-économiquement juste, notamment à travers la recherche interdisciplinaire (informatique, neurosciences et sciences sociales).

9- Renforcer les cours de formation (modélisation 3D, infographie, animation, post-production, effets, développement d’interactions de réalité mixte, bon niveau d’écoles d’ingénieurs, écoles de jeux vidéo et universités pour la programmation dans le domaine des jeux) et encourager l’application et le travail concret pour promouvoir le dialogue et les synergies entre scientifiques et créateurs, et créer un contenu de qualité. En tant que telle, la France est souvent considérée comme un acteur majeur des expressions culturelles numériques sur le marché créatif.

10- Explorer des solutions écorespons responsables et développer un système pour mesurer l’impact environnemental des infrastructures Metaverse. Les technologies associées au Metaverse sont actuellement très énergivores.

Au-delà de la définition du Métaverse

Les auteurs concluent en soulignant que « les développements technologiques récents et leurs utilisations ont été marqués par des modèles d’affaires basés sur la captation de l’attention et la constitution d’acteurs oligopolistiques, ainsi que de nouvelles formes de précarité ou une répartition inégale de la valeur. Ces technologies s’accompagnent de besoins croissants en matière de capture de données (par exemple, des scans de l’ensemble de l’environnement utilisateur, par des lunettes et des téléphones en réalité augmentée, par des casques en réalité virtuelle). À court terme, cela pose d’importants problèmes de protection de la vie privée, et potentiellement de nouveaux en termes de saisie de données cognitives : certains pays, comme le Chili, ont fait un pas en avant sur ces sujets en consacrant des « droits neurologiques », une approche saluée par certains chercheurs comme étant fondamentale au cadre de l’innovation responsable dans le métaverse.

Faire des affaires dans les meilleures conditions pour la France dans le Metaverse, c’est donc faire des affaires dans les meilleures conditions environnementales et sociétales. Dans le respect des exigences en matière de climat, de santé publique et d’acceptabilité sociale, ainsi que pour la protection des citoyens.

Pour aller plus loin, nous vous recommandons de lire le résumé plus exhaustif sur vie-publiquer.fr ainsi que le Téléchargement pdf de l' rapport Mission exploratoire sur le métavers.


Récits

Recherche

Des solutions

Actualité

Projets collaboratifs : un levier pour une performance durable

10 idées pour attirer de nouveaux publics sur votre site archéologique avec la réalité augmentée et la 3D

Réalité virtuelle et réalité augmentée pour hôtels : technologies utiles ?

Tourisme : le pouvoir des Avatars expliqué par l’effet Proteus

L’application de réalité augmentée pour les visites guidées de Cherbourg : un investissement rentable

Lionel Guillaume, en audio sur le Lien Multimédia

Définition du Métaverse : Un ou plusieurs Métavers ?

L’EXPRESS consacre un article à OHRIZON et à son fondateur Lionel GUILLAUME

Création et référencement de sites Web par Simplébo   |   Site partenaire d’INDEPENDENT. OI

Connexion